L'effet papillon

Je croise des gens éteints et mon cœur se serre lorsque je les vois. J’aimerais pouvoir leur dire « autre chose existe pour toi, je te le garantis. » Mais je sais que ces mots ne servent qu’à agacer et à rendre encore plus impuissant ce sentiment lourd et infini qui gangrène les cœurs et les esprits.

Ballotés par le ressac de la vie, ils se brisent de temps à autre sur les roches intemporels par lesquels nous nous heurtons tous. Et petit à petit, leur flamme s’affaiblit, leurs remparts se hissent haut, très haut et le couperet tombe : la vie est nulle. Les gens sont tous mauvais. Rien n’est bon ou presque sur cette planète en feu.

Je sais qu’autre chose existe et pourtant, je ne peux m’empêcher de les comprendre, j’ai pendant longtemps été l’une d’eux moi aussi. La Vie peut apparaître tellement dure et impitoyable. De la simple flaque d’eau que l’on emprunte par mégarde et qui vient mettre le point d’orgue sur cette sale journée qui n’en finit pas, à une terrible nouvelle que l’on redoute tous d’entendre un jour.

La Vie peut apparaître tellement dure et impitoyable mais alors quel avenir se dessine avec pareille vision ?

C’est une nuance de gris, où viennent picorer quelques tâches de couleur, mais bien trop peu pour s’émerveiller. La vie est morne et se répète tous les jours avec son dégradé de gris qui nous prend à la gorge et nous affaisse lentement, seconde par seconde.

Si j’avais une allumette magique, je me mettrais en route pour rallumer toutes ces petites flammes à moitié assoupies et je prendrais par la main tous ces enfants intérieurs qui se sont recroquevillés dans un coin de leurs cœurs, à mesure que l’enfance s’éloigne. Je leur dirais que la Vie peut être belle si on en change le prisme, qu’elle peut être vibrante et ensoleillé même sous une pluie battante.  Et que bien sûr cela ne retire rien aux douleurs de la vie qui elles, sont des passages obligés. Mais qu’il ne sert à rien de refuser ce qui est, puisque c’est déjà là et que l’on peut s’atteler à composer même si effectivement, parfois ça n’est pas idéal.

Que l’on peut choisir où mettre son énergie et qu’au final c’est bien tout ce qui compte : c’est une histoire de choix.

Si l’on conscientise de faire un pas de côté, juste un petit pas : c’est notre monde entier qui change.

Alors que pourtant, rien n’a bougé à l’extérieur. Le monde est le même qu’il était hier. Ce sont alors nos projections à nous qui se colorisent petit à petit, par touches délicates, hésitantes, effrayées, mais un beau jour : le tableau est fini, il pleut dehors mais notre cœur est chaud, vibrant, palpitant d’envie.

Mais n’ayant pas d’allumette magique, je reçois ceux qui, un jour se sont saisi de leurs téléphone, l’espoir au cœur, et je m’attelle à les aider à recréer la flamme en eux en observant, l’effet papillon.